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Winnie Truong & Shanie Tomassini | As Above, so Below | 10 Oct – 16 Nov, 2024

....“That which is above is from that which is below, and that which is below is from that which is above” is the long-form version of this show’s title, and time has seen its abbreviated form become an oft-used expression. Its source is The Emerald Tablet, a text considered foundational for medieval alchemists. Alchemy is the forerunner of modern chemistry, and also an apt metaphor for artmaking: Artists infuse ordinary things with profound meaning by recontextualizing them, or by taking raw material and with it creating something great. All of this is both a kind of transmutation (alchemy) and transformation (art). Easily interchangeable to the flouter of nuance, the more considerate type will note that each word has its own identity. “Transformation” and “change” may be lexical twins for instance, but the former suggests improvement, while the latter can veer in any direction.  

This difference is significant, particularly where the art of Winnie Truong and Shanie Tomassini is concerned. When it comes to the natural world, a focal point for both artists, change takes the shape of devastation, one accelerated by human crowding and the fatal negligence of the few who stand wobbling at its top. It requires denial or real acceptance to continue making art under the psychic duress of that reality. Truong and Tomassini are noble practitioners of the latter. While their works evince beauty, they also manifest gloom; and it is in the site of their imagination, and in the obvious force of it for both of them, where opposites are reconciled and get translated into something singular.

For her dioramas, Truong envisions herself as a kind of other-world botanist. Perhaps it is still this world, but it is certainly not the same one. The dark, hazy glow of each diorama’s lighting—blood reds, black-ish purples—can suggest doom, but this strange flora is nurtured and somehow blooms despite it. Tomassini also uses parts of this world, as foraged objects or subtle references, and transforms them into allusive sculptures. She collects rocks, many from a defunct mine near the ghost town of Gagnon, and partially buries them in wet grout shaped like mutated butterflies (or Rorschach ink blots). It’s unclear whether or not these winged insects are from this world or, similarly to Truong, are part of another version of it. 

There are also obvious references to the human form: for Tomassini, a brain and a humanoid are covered with bursting sprouts; for Truong, hands—possibly human, possibly plant-hybrid—weave through the flowers she conjures with artistic precision. All these evoke speculative works of fantasy and science fiction, of which the best are both extrapolative and imaginative, and of which both Truong and Tomassini’s art patently share. Somehow with the pain of our world’s bleak changing there is hope in their work, and there is care. “[A]s all things were from One” shortly follows the aforementioned quote that begins this text, and it’s true, but only the self-honest really know this: That which happens to the earth happens to us, and that which happens to us happens to the earth. 

— Rosemary Flutur

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That which is above is from that which is below, and that which is below is from that which is above est la version longue du titre de l’exposition As Above, so Below, et sa forme abrégée est devenue une expression courante au fil du temps. Cet énoncé est tiré de l’Emerald Tablet, un texte considéré comme fondamental par les alchimistes médiévaux. L’alchimie est le précurseur de la chimie moderne, mais se veut également une métaphore propre à la création artistique : les artistes insufflent aux choses ordinaires un sens profond en les recontextualisant, ou en créant quelque chose d’extraordinaire à partir d’une matière première. Tout cela constitue à la fois une sorte de transmutation (alchimie) et de transformation (art). Bien que certaines personnes puissent demeurer insensibles aux subtilités, celles qui en perçoivent l’importance constateront que chaque mot possède sa propre identité. Par exemple, les termes « transformation » et « changement » peuvent a priori sembler être des jumeaux lexicaux, mais le premier suggère une amélioration, tandis que le second peut prendre de multiples trajectoires.

Cette différence est considérable, notamment en ce qui concerne la pratique de Winnie Truong et de Shanie Tomassini. Lorsqu’il s’agit du monde naturel, point central des deux artistes, le changement est dévastateur, accéléré par la surpopulation humaine et la négligence fatale des quelques individus vacillant à son sommet. Le déni ou l’acceptation véritable est de mise pour continuer à faire de l’art sous la contrainte psychique de cette réalité. Truong et Tomassini sont de nobles praticiennes de cette dernière. Si leurs œuvres évoquent la beauté, elles témoignent également de la mélancolie; et c’est au sein du terreau de leur imagination, ainsi que dans la force évidente de ce dernier qu’on retrouve en chacune d’elles, où les contraires se réconcilient et se traduisent en quelque chose de singulier.

En regard de ses dioramas, Truong se perçoit comme une sorte de botaniste d’un autre monde. Peut-être est-ce toujours ce monde-ci, mais il n’est certainement pas le même. La lueur sombre et trouble de l’éclairage de chaque diorama, caractérisée par des rouges sanglants et des violets noirâtres, peut suggérer un environnement sinistre. Pourtant, cette étrange flore est entretenue avec soin et fleurit malgré ce contexte. Tomassini emprunte également des parties de ce monde, comme objets  glanés ou références subtiles, et les transforme en sculptures allusives. Elle ramasse des roches, dont beaucoup proviennent d’une mine abandonnée près de la ville fantôme de Gagnon, et les enfouit partiellement dans du coulis à céramique en forme de papillons mutés (ou de taches d’encre Rorschach). On ne sait pas si ces insectes ailés viennent de ce monde ou, comme Truong, s’ils font partie d’une autre version de celui-ci.

On dénote également des références évidentes à la forme humaine. Chez Tomassini, un cerveau et un humanoïde sont couverts de pousses en pleine croissance, tandis que chez Truong, des mains – peut-être humaines, peut-être hybrides végétales – se faufilent à travers les fleurs qu’elle évoque avec une précision artistique. Tout cela évoque des œuvres spéculatives fantaisistes et de science-fiction, dont les meilleures sont à la fois extrapolatives et imaginatives, et que l’art de Truong et celui de Tomassini partagent manifestement. D’une manière ou d’une autre, face à la douleur de l’évolution sombre de notre monde, leur travail est empreint d’espoir et d’attention. [A]s all things were from One (3) suit peu après la citation susmentionnée au commencement du présent texte. Cela est une vérité, mais seuls ceux et celles faisant preuve de lucidité le savent pertinemment : ce qui est infligé à la Terre nous est infligé, et ce qui nous est infligé est infligé à la Terre.

— Rosemary Flutur (traduction par Marie-France Thibault)

1. « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. »,
citation tirée de la Table d’émeraude [Traduction Wikipédia].

2. « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. » [Traduction Wiktionnaire].

3. « Comme toutes choses ont été et sont venues d’un » [Traduction Wikipédia].

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Winnie Truong is a Toronto artist working with drawing and collage to explore ideas of identity, feminism, and fantasy along with a digital art and animation practice that includes public art and community engagement. Her work has been featured recently in Uses of Enchantment curated by Sarah Milroy at the McMichael Canadian Art Collection and the Varley Art Gallery and with recent solo exhibition at Contemporary Calgary. Truong has exhibited internationally, with solo presentations amongst others at Volta New York Art Fair, and Pulse Miami Art Fair. Truong is a 2017 recipient of the Chalmers Arts Fellowship. Her work can be found in private collections, as well asThe Nerman Museum of Contemporary Art, Doris McCarthy Gallery at the University of Toronto, Bank of Denmark, EQ Bank, Scotiabank Fine Art Collection, RBC Art Collection and TD Bank Corporate Art Collection.

Shanie Tomassini is a sculptress and her work explores the cyclical and renewable potential of objects, sites and ideas. Evoking sustainability, craftsmanship and ecofeminism, her work hints at the sacred emerging from the mundane. She examines the nature of a material, reflecting on its evolution across space and time. Tomassini completed an MFA in sculpture from the University of Texas at Austin in 2019. She presented several solo exhibitions at Clark Center (Montreal), at the UMLAUF Museum (Austin), and at CIRCA art actuel (Montreal). Her work was also shown at Arsenal Contemporary (New York), at the Tenerife Espacio de las Artes (Spain), and at Artpace (San Antonio).

Rosemary Flutur is a writer and poet based in Montreal. Her work has been featured in C Magazine, Peripheral Review, and In The Mood, and by galleries April April (Pittsburgh), Afternoon Projects (Vancouver), and Zalucky Contemporary (Toronto), among others. She has organized various reading series, including A Night of Readings (8eleven, Toronto) and Not All There: Intimate Readings (The Table, Toronto), and is currently co-organizer of the Montreal-based series One Long One.

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Winnie Truong est une artiste torontoise qui utilise le dessin et le collage pour explorer les idées d'identité, de féminisme et de fantaisie. Elle a aussi une pratique en art numérique et en animation qui inclut l'art public et l'engagement communautaire. Son travail a été présenté récemment dans Uses of Enchantment, exposition commissariée par Sarah Milroy qui a eu lieu au McMichael Canadian Art Collection et à la Varley Art Gallery, ainsi qu'à Contemporary Calgary où elle a présenté une exposition solo en 2024. Truong a exposé à l'échelle internationale, avec, entre autres, des présentations solo à Volta New York Art Fair et Pulse Miami Art Fair. Truong est lauréate de la Chalmers Arts Fellowship en 2017. Ses œuvres font partie de collections privées, dont celle du Nerman Museum of Contemporary Art, de la Doris McCarthy Gallery de l'Université de Toronto, de la Banque du Danemark, de la Banque EQ, de la Scotiabank Fine Art Collection, de la RBC Art Collection et de la TD Bank Corporate Art Collection.

Shanie Tomassini est sculptrice dont le travail explore l’expérience renouvelable et cyclique d’objets, de lieux et d’idées. Évoquant la durabilité, l’artisanat et l’écoféminisme, elle réfléchit au sacré qui infuse le quotidien. Dans ses œuvres, elle analyse la nature d’un matériau ainsi que son évolution dans l’espace et le temps. Son travail explore les ramifications de crises existentielles alors que ses idées se cristallisent souvent autour d’une forme qui devient un motif d’émancipation poétique.

Tomassini détient une maîtrise en sculpture de l’Université du Texas à Austin depuis 2019. Elle a présenté plusieurs expositions individuelles, notamment au Centre Clark (Montréal), au musée UMLAUF (Austin) et à CIRCA art actuel (Montréal). Son travail a aussi été exposé à l’Arsenal Contemporary Art (New York), au Tenerife Espacio de las Artes (Espagne), puis à Artpace San Antonio.

Rosemary Flutur est une écrivaine et poète établie à Montréal. Son travail a été présenté dans C Magazine, Peripheral Review et In The Mood, ainsi que par les galeries April April (Pittsburgh), Afternoon Projects (Vancouver) et Zalucky Contemporary (Toronto), entre autres. Elle a organisé diverses séries de lectures, dont A Night of Readings (8eleven, Toronto) et Not All There : Intimate Readings (The Table, Toronto), et est actuellement co-organisatrice de la série montréalaise One Long One.

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